Extrait du livre « les Belles Heures du Comté nantais (tome 2) »

Extrait du livre
« les Belles Heures du Comté nantais (tome 2) »
(Jean-Anne Chalet) (Edijac 1985)

« Sainte-Anne ou les tribulations d’une commune à la recherche de ses attaches et de son nom : c’est ainsi que pourrait se résumer l’essentiel de l’histoire de cette ancienne frairie de Campbon, durant cent cinq ans.

1842 : Sainte-Anne devient succursale de Campbon. C’est le premier pas vers l’émancipation.

1860 : L’église paroissiale est construite – dédiée à Sainte-Anne comme il se doit et remplace peu à peu l’ancienne chapelle frairie, qui existe toujours à l’angle des routes de Quilly et de Guenrouet. (Emplacement de la chapelle Sainte Anne actuelle reconstruite entre 1923 et 1925)

1875 : Naissance de la commune qui est rattachée au canton de Savenay, dont fait partie Campbon, territoire de laquelle elle a été détachée. D’ailleurs, le nom ne trompe pas : « Sainte-Anne-de-Campbon »

1877 : les habitants de Sainte Anne comprennent qu’ils sont plus naturellement tournés vers Ponchâteau que vers Campbon et le conseil municipal fait une demande officielle pour changer de canton. Le dossier enfoui dans un obscur tiroir administratif, s’y couvrira près de cent ans.

27 mai 1974 : M. Couëron, maire de Sainte Anne, après en avoir discuté avec son conseil municipal, et à la demande de nombreux administrés, réactualise ledit dossier est à nouveau à la préfecture. Quatre ans s’écoulent; N. Couëron est toujours maire, les administrés souhaitent toujours être rattachés à Pontchâteau. Il revient à la charge. Finalement, le 29 juin 1979, le Conseil général de Loire-Atlantique, émet un avis favorable, on sable le champagne, l’affaire est gagnée.
Eh non ! A la surprise générale, « le Conseil d’État estime que cette modification n’apporterai aucun avantage aux habitants de Sainte-Anne-sur-Brivet (nom de la commune depuis le 9 janvier 1980 (1)), mais aggraverait par contre de déséquilibre constaté dans la population des deux cantons concernés. »

(1) En 1956, le mot « Campbon » avait été supprimé de nom de la commune.

Fait-il baisser les bras ? c’est mal connaître Noël Couëron. Il prend sa plus belle plume et écrit au ministre de l’intérieur. Cette fois, la réponse définitive est positive; elle est suivie du décret du 12 juin 1980 stipulant que la « commune de Sainte-Anne-sur-Brivet est rattachée au canton de Pontchâteau, les limites territoriales des cantons de Savenay et de Pontchâteau étant modifiées en conséquence. Le champagne, cette fois, n’aura pas d’arrière-goût !

Voilà pour l’histoire récente.

La préhistoire n’a guère laissé de traces sur le territoire de la commune. On a bien trouvé, ça et là, quelques silex taillés, mais point de mégalithe. Il est vrai qu’ils ont été, en grande partie, détruits par les romains, pour la création de leurs routes (précisément, jadis, une voie antique traversait le pays) et par les zélés prédicateurs de la religion catholique après la paix constantinienne. Ils voulaient ainsi disparaître les traces d’une religion qualifiée de païenne…

A quand remonte la première implantation de sainte-Anne ? sans doute au Moyen Âge, lorsque précisément les saints bretons multipliaient les lieux de culte. L’un d’entre eux, peu connu, Saint Lomer, a donné son nom à une chapelle qui se dresse un peu à l’écart de la route de Pontchâteau. c’était paraît-il, un ermite à une époque mal déterminée, entre le Ve et le VIIe siècle; ce qui en fait le contemporain de Saint Félix ou saint Victor. Il aimait dit la tradition, la société des canards, très nombreux dans les marais du voisinage. Sans doute consommait-il de temps à autre !
Dans le bourg, c’est autour de la chapelle Frairienne que s’édifièrent les premières habitations. Un peu à l’écart, sur la route qui mène à Quilly, aurait existé, jadis, une demeure fortifiée, faisant un peu office de château-fort. On n’en trouve plus trace sinon quelques écrits d’historiens. Il ne faut pas oublier que toutes les terres de la paroisse dépendaient du duché de Coislin et de la baronnerie de Pontchâteau.

A la révolution, sainte-Anne, dépendant entièrement de Campbon, partageait le sort de la commune qui élevée au rang de chef-lieu de canton avec, dans sa juridiction, Bouvron et Quilly.

Cependant, plusieurs faits particuliers lui sont propres. Ainsi que le rapporte l’abbé Briand, saint-Anne servit de refuge à plusieurs prêtres contestataires. Voici ce qu’il écrit :
 » Après la défaite de Savenay, plusieurs vendéens vinrent avec quelques prêtres, et assure-t-on, un évêque chercher asile dans les villages de Sainte-Anne. Les ecclésiastiques se cachaient vivant, dans une cabane en branchage, de la charité publique, à Coisnongle et dans les environs; ils ne dirent point de messe; ils paraissaient effrayés et témoignaient de quelques méfiance. L’évêque, qui était de petite taille, se faisait appeler Charlot, il ne paraissait dans les maisons que pour prendre un peu de nourriture et demeurait caché le reste du temps. Il se montrait très poli et très reconnaissant envers ses hôtes. »

Qui était ces prêtres, quel était cet évêque , Le mystère est resté total. Mais les langues sont allées bon train, le soir à la veillée, et de là est né toute une histoire de trésors des vendéens. On en vit, ainsi qui enterraient une « boursée » au Grand-Mortier; d’autres qui « jetaient » dans l’étang de la tremblotte… toute une baratte pleine d’écus ! Inutile de dire que les recherches entreprises n’ont rien donné.

Les chiffres les plus fantaisistes ont été avancé en ce qui concerne la population de Sainte-Anne dans les premières années qui ont suivi la Révolution. Ainsi l’abbé Briand soutien qu’elle abritait 5000 âmes en 1842. Sur quoi pouvait-il se baser puisque la commune, à l’époque, n’était même pas une succursale de Campbon , Dans les statistiques de l’INSEE, souveraine en la matière, on trouve 1530 habitants en 1876, au moment de la création de la commune; 1638 à la veille de la première guerre mondiale ; 1321 en 1932 ; 1233 en 1968 et 1532, lors du recensement de 1975.« 

2093 habitants en 1990

1925 en 1999 mais les critères de résidant sont légèrement changés.